Née à Strasbourg, Tatiana Soll passe son enfance à Maisons-Laffite, banlieue verte et protégée de la région parisienne. Elle y suit des cours de dessin, de peinture, qu'elle aime et interrompt pourtant pour une raison qui reste mystérieuse. Elle fait le choix d’étudier la philosophie, obtient son DEA à l’Ecole pratique des Hautes Etudes, (La Sorbonne-Paris), section Théologie. Décidée à sortir du « monde des idées » pour se confronter à ce que l'on appelle la réalité - finalement très associée au monde du travail - elle quitte la voie universitaire. Elle aime l’écriture et l’image, fonde son agence de communication au cœur de laquelle elle place la création. Simultanément, après plusieurs années de travail psychanalytique personnel, elle s’oriente vers la psychanalyse qui deviendra son activité... mais pas la seule.

Car la couleur la poursuit de ses assiduités : enfant, elle avait peint à l’école ce petit tableau sur toile de jute ; un ciel bleu, un oiseau, un arbre et le soleil. Ce dessin d’enfant, perdu dans les déménagements, lui laisse la nostalgie d’un contact avec le bleu qui finit par l’obséder. Attentive à tous les bleus croisés dans sa vie, jamais aucun ne pouvait satisfaire sa demande, toujours proche et pourtant éloigné de la couleur de son souvenir. 

Elle fit un rêve : au bord d’une route de campagne joliment vallonnée, se tenait un agneau dont la tête était ceinte d’une parure de plumes multicolore. Et cet agneau posait sur le monde un regard tendre, serein et large. 

Il lui fallait dessiner cet agneau, le figurer, le transposer. Elle en fit de nombreux dessins, cherchant à capter, retenir, fixer quelque chose de son rêve, puis un jour, lassée de cette recherche répétitive dont le sens finissait par lui échapper, elle recouvrit de peinture la énième version de son agneau et accoucha ainsi de sa première toile, où aucune figuration de l’animal ne paraît. 

De cette première expérience d’une toile aboutie, elle a pu dire que l’esprit de l’agneau apparut dans son rêve se retrouvait tout à fait dans cette peinture faite de terre et d’eau, et que son projet, son dessein, avait finalement pris forme, de façon détournée, dans un langage qui lui était propre. Depuis, elle peint, à nouveau, inlassablement, avec la couleur pour guide. 

Elle vit à Montmartre, entre son cabinet de psychanalyste et son atelier de peinture.